jeudi 10 juillet 2025
J18 : Cabane de la Combe - Bourg d'Oisans
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5h30 il fait encore nuit, la faible lueur de la bougie chevrote dans le grand silence noir. Un premier son vient troubler l'immobilité de l'air suivi plus tard par un autre, imperceptiblement la nature s'éveille.
L'aube a déjà basculé lorsque je croise le troupeau qui descend de sa couche vers la cabane. Oscar le patou
se détourne, il m'a reconnu et me fait la fête non sans avoir au préalable procéder aux salutations d'usage.
L'épaule délimite les alpages de Villard-Reymond et de Chantelouve. Je songe aux paroles du berger : autrefois une bonne
partie des pelouses étaient exploitées en fourrage qu'il fallait alors descendre, péniblement arc-bouté sous la masse
des traîneaux...
Enfin le soleil n'est plus masqué par le Petit Renaud et ses rayons courrent sur l'horizon. Un bref instant j'hésite à couper par la Combe du Grand Renaud, mais le spectacle de la Crête des Pales justifie largement le détour.
Ultime et précieuse navigation entre ciel et terre. A la Tête des Filons je me retourne une dernière
fois puis la pente de la station du Col d'Ornon m'absorbe et c'est déjà un peu de rêve qui disparaît.
Un coup de fusil retentit au dessus des téléskis et marque ainsi mon retour à la civilisation.
Ensuite l'itinéraire plonge dans les sous-bois, passe quelques cônes d'avalanches
et gagne par une longue traversée les prairies du Col de Corbière.
Le paysage reprend de l'ampleur avec la magnifique Combe du Grand Renaud qui déploie ses ondulations. Au
creux du vallon l'air vif gorgé par les prairies dépose une haleine sauvage que je ne veux pas oublier.
Malgré tout le sentier avance et il faut bien se résigner à le suivre... Finalement j'aborde le beau village de Villard-Reymond
installé sur un petit plateau dégagé et bien abrité par une crête.
Longtemps le village est resté enclavé avec pour seul accès un sentier abrupt sans
concession, celui que le facteur empruntait obstinément hiver comme été pour colporter les
nouvelles et qui maintenant rend hommage à cette persévérance.
L'amorti des aiguilles adouci la pente, c'est agréable dans cette multitude
de lacets aux senteurs de résine. Bourg d'Oisans apparaît, l'horloge de midi
scande ma foulée tandis qu'en bas un car se prépare. C'est le 13h32,
encore quelques pas désormais comptés puis cette merveilleuse escapade prendra fin dans le ballottement
de la route...
la pensée du jour : +720m / -2080m , 6h00 de marche