samedi 20 avril 2024
J15 : Refuge des Souffles - Valsenestre
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Les gros nuages de la nuit disparaissent peu à peu. Satisfait d'avoir pris une journée d'avance, mon humeur de ce matin est aussi légère que le mince voile qui s'évapore.
Pour gagner les pentes du Col de la Vaurze (2490m), il faut traverser une zone rayée par de profonds ravins, où le GR doit jouer des coudes.
Au col la perspective fuit dans la pente qui semble interminable. Effectivement c'est une longue descente ! La première partie se déroule dans un versant austère, raviné, aux pierres rincées par l'humidité.
La marche rendue précaire par les conditions, devient plus agréable à l'apparition des pelouses. Ici le soleil a déjà réchauffé la terre et l'horizon s'ouvre sur la vallée qui enroule cette douce chaleur.
Un dernier abrupt permet de rejoindre le Désert-en-Valjouffrey. En face un sablier égrène les tumulus, en hommage à la ténacité des cultivateurs d'antan.
Au village je vais directement à l'Auberge de l'Eterlou. C'est plein à craquer, mon repas pourtant salivé depuis ce matin me file sous le nez ! Dépité je laisse la pièce en récupérant mon dépôt de vivres et file déguster l'ordinaire ; mon passage n'était prévu qu'à partir du lendemain...
Dans la montée de Côte-Belle il fait chaud et lourd, je transpire abondamment et peine beaucoup. Saveurs envolées du repas ? fatigue de l'étape d'hier ? belle côte ? en tout cas je prends un sérieux coup de pompe !
Au moins ça me laisse le temps de contempler le chemin parcouru depuis le col de la Vaurze.
Je ne suis pas seul à avoir été ébranlé : d'étonnantes plaques d'ardoises sabrent les airs ou s'empilent en un jeu d'orgues
infernales !
Le pan entier de montagne est soumis aux forces obscures. Le service RTM
surveille cette zone en permanence, essayant de fixer les terrains par des plantations de mélèzes entre autres.
De furieux coups de tonnerre me repoussent vers Valsenestre. Au gîte Le Béranger je tire mon repas du sac en compagnie d'un berger. Il est basque et garde ici depuis trois ans sous le Signal du Lauvitel, son troupeau fait 1600 têtes.
Il me raconte son métier, les soins aux bêtes, leurs habitudes, la nécessité du ravitaillement chaque semaine avec les ânes, l'abri spartiate ou la cabane préfabriquée héliportée par le Parc, son désir après toutes ces années de passer à l'élevage, la tradition au Pays Basque, ses chères Pyrénées si loin ... je l'écoute, profondément heureux qu'il me fasse part de sa vie, cette vie de berger qui me fait rêver.
Dans cette ambiance chaleureuse la patronne nous offre généreusement une soupe d'asperges, elles est délicieuse, je ne suis pas prêt d'oublier cette soirée ...
la pensée du jour : +1600m / -2250m , environ 8h30 de marche